Conférence animée par la professeure Adiba HAMDAN, Université Libanaise sous le thème : "Les déplacés syriens au Liban : Réalité, Défis, et Perspectives"

Modérateur : Professeur Abdelhafid Hammouche

Introduction : Professeur Henri Ayoub

Résumé :

Mon intervention vise à analyser la réalité, les défis et les perspectives de la présence des Syriens (déplacés et/ou réfugié, un débat non résolu !) au Liban. En effet, depuis 2011, plus de 6,6 millions de personnes se sont déplacées en Syrie et 5,6 millions ont fui le territoire vers l’étranger. Le Liban a accueilli environ 1,5 millions de réfugiés syriens, ce qui représente environ un quart de la population (HCR, 2021). Ils sont répartis sur l’ensemble du territoire de manière déséquilibrée.

L’afflux de Syriens vers le Liban a eu lieu par vague et s’est accru de manière non contrôlée en raison des difficultés de surveiller toutes les frontières communes entre les deux pays (faute de moyens et d’un consensus national pour gérer leur accueil). Notons également qu’il s’est posé pendant une période où le Liban confronte une crise multidimensionnelle (politique, économique, sociale et institutionnelle). 

En réalité, le Liban est confronté à des défis énormes pour répondre aux besoins des déplacés, et il continue à accueillir ceux qui fuient la violence et l’instabilité en Syrie. Face à l’incapacité de l’Etat libanais d’assurer une gestion efficace des déplacés et l’insuffisance de l’aide internationale, l’analyse de la réalité, des défis et des perspectives de la présence des déplacés syriens au Liban s’impose. Plusieurs questions méritent d’être posées : Quelles sont les conséquences de leur présence sur le territoire libanais sur : (a) tous les plans socio-économiques, confessionnels, politiques, et juridiques ; (b) l’unité nationale et la stabilité de la société libanaise connue par son équilibre confessionnel fragile ? ; (c) les relations entre libanais et entre libanais et syriens ?

La présence des déplacés syriens a impliqué une forte dégradation des conditions socio-économiques des migrants autant que des populations de régions-hôtes. Elle risque de provoquer : (1) des tensions sociales sécuritaires dans certaines régions (en raison de la concurrence sur le marché du travail entre travailleurs, voire entre entrepreneurs libanais et syriens) ; (2) des migrations internes au pays qui sont susceptibles de briser le mythe d’un équilibre confessionnel (fragile) maintenu ; (3) des menaces existentielles pour le Liban et les Libanais.