Hughes SACHTER

Maître de Conférence et chercheur associé au Clersé – Université de Lille1.

Résumé :

L'auteur, dirigeant et fondateur de l'important bureau d'études Économiques Asteres, n'est pas issu des grands corps qui tiennent habituellement les discours globalisants. Liberal, l'ouvrage paru à l'ouverture de la campagne présidentielle de 2017, est destiné à justifier le progrès technologique dans un univers libéral, et s'oppose à tous les conservatismes et malthusianismes nommément identifies. Il se positionne dans une perspective d'histoire de longue durée des révolutions productives, dont l'originalité tient à la prise en compte du facteur des échanges à l'échelle mondiale conjointement à celle des innovations. La situation actuelle est caractérisée par les NBIC, soit numérisation, biotechnologies, informatique, et cognitivité ce qui fait apparaître le spectre du transhumanisme. Il met en évidence qu'à chaque grande mutation productive (et donc géographique) apparaît un mouvement de freinage du à la perte de repères de ceux qui étaient associés à l'ancien paradigme. Sa solution le conduit à une sorte de nouvel humanisme (qui incorpore une forte composante de formation) seul à son avis apte à sauvegarder les valeurs d'individualité dans un contexte de bouleversement des rapports à la production et à la consommation (big data par exemple). La critique n'est pas aisée, sauf à repérer que, comme tous les intellectuels français, Bouzou tend à une interprétation positiviste de la société. Il pourrait être confronté à Douglas North ou à Paul Kennedy, qui montrent à quel point le libéralisme est une création du pouvoir, en quête de ressources pour sa puissance. La est peut-être le vrai débat actuel : quid du pouvoir dans un univers (GAFA) si l'ignore.